lundi 7 janvier 2008

Historique du roman-photo

Le premier roman-photo a été publié en 1947 en Italie dans une revue nommée Mon rêve (Il mio sogno). Son aïeul est le cinéroman, qui a connu son heure de gloire pendant les années 1930 et 1940. Les cinéromans étaient composés d’images légendées extraites de films à la mode. C’est en province qu’ils étaient particulièrement populaires car ils permettaient de "voir" les derniers films malgré la rareté des salles de cinéma.

En 1948, un an à peine après la parution du premier roman-photo italien, des Français s’inspirent de l’idée et créent la revue Nous deux, qui se vend d’emblée à 250 000 exemplaires. Deux ans plus tard, en 1950, Nous deux a triplé ses ventes et se vend à 725 000 exemplaires ! Le succès ne se dément pas : en 1952, les ventes atteignent 1 200 000 exemplaires, cinq ans plus tard en 1957 la barre des 1 500 000 est passée.

Dès sa création, le roman-photo constitue un genre en soi et présente toutes les caractéristiques qu’on lui connaît aujourd’hui : découpage en cases, dialogues en surimpression sur la photo, texte mis dans des phylactères (bulles), histoire complète…

1956
1961
"Coupable par amour"
"El Felicidad"

Des vedettes de toutes les époques l’utilisent pour parvenir à la notoriété. Cela commence dès le premier roman-photo en 1947, qui présente Giana Loris, la future Gina Lollobrigida. Apparaissent ensuite les jeunes Sophia Loren, Ornella Mutti… En France dans les années 1960 et 1970, de nombreux chanteurs passent par le roman-photo : Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Dalida, Mireille Mathieu et même Alain Souchon, pour n’en citer que quelques-uns.

Au fil des décennies, les romans-photos vont évoluer avec les progrès techniques de l’imprimerie, comme par exemple le tirage en couleur, d’abord réservé à la couverture…

1971
"Le prix de l’amour", Alibi

… puis étendue aux pages intérieures.

1988
"Le vallon enchanté"

Le succès est phénoménal et entraîne de vives oppositions. Les détracteurs du genre l’accusent d’être à la fois mièvre et obscène. Après l’opium du peuple, voici donc selon certains l’opium des femmes, qui fait rêver à un modèle de vie simplifié et totalement irréaliste. En 1959, le Pape Jean XXIII condamne la presse "du cœur, du sexe et du crime". Dans les années 1970, les situationnistes autour de Guy Debord détournent le roman-photo romantique en effaçant les dialogues, qu’ils remplacent par des discours politico-métaphysiques !

Aujourd’hui, le roman-photo est encore associé à la presse du cœur. Nous Deux existe toujours et se vend à 380 000 exemplaires par semaine. L’audience du journal est même estimée à 1 700 000 lecteurs, soit 1 Français sur 35 ! Le genre s’est pourtant largement diversifié comme en témoignent ces publications :

1983
Fugues, Editions de Minuit

1997

L’énigme du fétiche noir
hors-série Télérama (avec Richard Bohringer)

2000
Meurtre chez les modernes
(plongée dans le milieu de l’architecture moderne)

Benoît Peeters, l’un des auteurs de Fugues, écrit à propos de son expérience de l’écriture de scénario : "Parallèlement aux scénarios de BD, j'écrivais aussi des scénarios de récits photographiques (je n'emploie pas le mot de “roman-photo” parce que c'est trop sujet à malentendus)." Qu’entend-il par récit photographique ou en images ?





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